Rien de ce que l’artiste nous donne à voir n’est tout à fait réel. Rêve, illusion, faux-semblants, ses tableaux renferment la clé de tous les possibles poétiques. C’est toujours cette douce étrangeté, une sensation à la fois familière et troublante que l’on ressent à la vue de ses paysages. Aucun souci de vraisemblance, de perspective, c’est le jeu subtil et délicat des
couleurs qui prime et construit le décor. Car c’est davantage d’un décor dont il s’agit – illusion toujours - comme une évocation de paysage, le rideau qu’on aurait déployé en arrière scène du théâtre du rêve.
Des architectures nomades et improbables faites de bois et de toile s’installent au milieu de paysages étrangement paisibles et épurés. Nulle présence en ces lieux si ce n’est la projection du désir de s’y installer pour y regarder passer les nuages et écouter souffler le vent. A moins que nous ne soyons dans un étrange intérieur où quelques chaises hirsutes et colorées composent une énigmatique partition domestique, terrain de jeu et de cache-cache qui laisse voyager le regard dans une vaine quête de certitude.
Il y a du mouvement et de la transparence dans l’insaisissable matière vibrante de ses gouaches cirées qui continuent de s’imposer à notre imaginaire comme un mystère qu’on ne finit jamais d’élucider.
La cabane, motif récurrent de la peinture de Stéphane Dauthuille, est souvent aussi le véritable sujet de ses compositions. Image de l’itinérance, de l’instable, lieu solitaire propice à l’imaginaire, juchée sur pilotis tantôt au milieu des terres, d’un lac ou d’un océan, elle semble témoigner de la fragilité de l’être et de la quête permanente d’un lieu pour habiter poétiquement ce monde et s’y sentir chez soi.